Personnes dont la langue maternelle est
l'ANGLAIS (Grande-Bretagne),
le RUSSE
et l'ARABE (Palestine)
pour retrouver des sons et des voix
de films de famille muets des années 30
Un défraiement est prévu pour vous, "linguistes", qui pouvez être des traducteurs ou des enseignants, mais aussi des danseurs ou acteurs ou chanteurs connaissant la langue... La Fondation du Judaïsme Français vient de nous octroyer une subvention supplémentaire pour nous permettre de mener à bien ce travail de 1.500 €. Ce n'est pas beaucoup, mais cela permet d'imaginer de vous défrayer à hauteur de 50 € par séance de travail sur les films. C'est évidemment très peu : ni un cachet ni un salaire, mais une façon de vous dire merci, comme on invite quelqu'un au restaurant...
Laurent Roth
RAPPEL ARTISTIQUE SUR LE PROJET MINIANE/L'ETE 39Laurence Roth a en projet, avec le musicien Jean Christophe Marti, l'écriture d'un oratorio à huit voix et deux récitantes : Miniane, l'été 39. Au centre du dispositif scénique, en contrepoint visuel à cet oratorio, un montage de films de famille d'origine juive tournés pendant les vacances des années 30 et plus particulièrement l'été 1939, montrant sur grand écran la banalité du bonheur dans une boucle entêtante.
J'ai rassemblé plusieurs heures de films amateur MUETS (found footage) destinés à être projetés sur scène durant le spectacle. Ces films proviennent de collections de familles juives et ont été tournés dans plusieurs pays d'Europe, en Palestine et aux Etats-Unis, entre 1936 et 1939. Nous avons bénéficié pour cette recherche d'une subvention importante de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et le projet a obtenu une bourse de Beaumarchais (création lyrique).
Jean-Christophe est un compositeur extrêmement expérimenté, notamment en ce qui concerne l'écriture vocale. Nous avons travaillé ensemble sur son opéra L'An Un, son oratorio Bar Iona, et sur mon film J'ai quitté l'Aquitaine.
Dans le livret de Miniane/l'été 39, alternent les voix des récitants (Mathieu Amalric et Mireille Perrier) et huit voix de chanteurs solistes, constituant un groupe de dix que j'appelle un miniane, par analogie avec le groupe de dix personnes qu'il faut dans le judaïsme réunir pour que certaines prières soient valides.
Les récitants prennent en charge un héritage douloureux de la Shoah, le mien, à travers un texte à la première personne, réparti sur deux voix, masculine et féminine (je suis ce qu'on appelle un "enfant de survivant", la moitié de ma famille a été anéantie dans les camps, mon père en est revenu à vingt ans définitivement meurtri ; J'ai 47 ans)
Les chanteurs-solistes prennent en charge la puissance de la vie, la vie qui est avant et après la Shoah, et qui est exaltée simplementdans ces films de famille qui seront projetés en continu. Tournés juste avant la catastrophe et souvent à l'occasion d'événements heureux, mariage, vacances, etc. ils témoignent de la modernité, du bonheur et de la variété de la condition des hommes et des femmes à cette époque. Certains des personnages de ces films ont été exterminés deux ou trois ans plus tard parce que nés juifs.
Notre idée à Jean-Christophe et à moi est de leur redonner vie par une matière non immédiatement verbale: il ne s'agit pas du tout de faire du "lipping" c'est-à-dire de reconstituer les paroles qu'ont pu prononcer nos personnages. Il s'agit de mettre en relief et d'imaginertout ce qui participe d'une expression non utilitaire: cris, chansons, onomatopées, saluts, jeux de mots, refrains, fredonnements, tics,comptines, etc.
Une expression qui met en jeu le corps, la jouissance, l'amour, le jeu, l'enfance, le sacré, les larmes aussi parfois: j'ai envie de parler d'une érotisation de la présence de ces images-fantômes. Vous verrez: ces images sont très belles. Les femmes y sont rayonnantes: parce que ce sont des hommes qui filment, amoureux de leur épouse, aimant de leurs enfants, et parfois inspirés par un visage ou un lieu, secrètement. Les femmes sont aussi engagées dans la modernité qui est la nôtre: le sport, l'automobile, le jeu, le tabac, la danse, la musique sur l'électrophone, le corps qui commence à se dénuder sur les plages d'Ostende, d'Honfleur, de Tel-Aviv, de Brighton ou du Danube eété. Il y a aussi quelques femmes d'un milieu beaucoup plus modeste, dans les collections polonaises, lorsque les cousins américains enrichis retournent voir leur famille restée au shtetl: là le temps semble aboli, les sourires sont d'un autre âge...
On peut donc imaginer tout un environnement sonore qui sort du corps humain. De ces corps tous ensemble.
C'est pour ce travail que nous avons besoin de vous, autant un travail de traduction que de mémoire sensorielle, et d'imagination sonore. nous recherchons des locuteurs natifs des pays où ces langues sont parlées ("nativespeakers"), ayant aussi le sens du rythme, du déplacement du corps : mais rien ne vous empêche si vous avez baigné dans une langue qui n'est pas la vôtre de visionner ces images. C'est à vous de le sentir.Laurent Roth
Si vous êtes intéressé, contactez directement :
Anne Grange, chargée de production
tél : 09 64 32 02 82 - 06 63 19 26 56
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